Rencontre autour
de La Présidente
Rencontre organisée le vendredi 11 décembre 2015
par la librairie
Bulle (Le Mans),
animée et retranscrite par Agnès Deyzieux
animée et retranscrite par Agnès Deyzieux
avec
Farid Boudjellal (dessinateur), Laurent Muller et Laurent Beccaria (éditeurs),
Thomas Legrand (France Inter), Benoît Collombat et Etienne Davodeau (présents
pour Cher pays de notre enfance).
TL Malheureusement,
François Durpaire, le scénariste, est absent ce soir. Nous sommes entre les
deux tours des élections régionales à l’issue desquelles peut-être pour la
première fois, le Front National peut gagner un duel, avoir plus de 50 %, de la
majorité absolue, démontrer que ce plafond de verre qui mène au pouvoir peut
être brisé. Dans cette bande dessinée, l’hypothèse n’est pas la même puisqu'on
est dans une élection présidentielle et que Marine Le Pen gagne contre François
Hollande. Néanmoins, symboliquement, dimanche prochain, ce scénario qui est
déjà crédible en soi prendra encore plus de crédibilité.
Qui a eu cette
idée d’imaginer Marine Le Pen présidente ? Quand vous l’avez eue en 2014,
vous paraissait-elle révolutionnaire, audacieuse, provocatrice ? Car aujourd'hui,
c’est une idée qui paraîtrait presque banale...
LM L’idée de départ
vient de François Durpaire qui est venu nous voir aux Arènes en nous proposant
le projet d’un essai de politique-fiction. C’était sous forme d’un texte et non
d’une bande dessinée. On lui a tout de suite dit qu’on envisageait son projet
plutôt sous forme de bande dessinée et il a été immédiatement conquis. On
voulait faire une œuvre pédagogique, non pas révolutionnaire mais pédagogique.
TL C’est un acte
militant ?
LM Oui, bien
sûr !
TL Farid, l’idée
de représenter Marine Le Pen au pouvoir, de la dessiner, pour un auteur de
bande dessinée, c’est difficile ? Et pouvez-vous
nous expliquer votre choix de l’hyper réalisme ?
FB Pour ceux qui
connaissent mon travail précédent, cela n’y ressemble pas du tout ! Mais
si j’avais fait Marine dans le style de Mémé
d’Arménie, beaucoup de gens auraient voulu l’adopter !! Quand j’ai été
sollicité par les Arènes et qu’on m’a proposé le projet, ça m’a parlé
immédiatement et en particulier de le réaliser de façon réaliste, de ne pas
faire dans la caricature. D'abord parce que mes confrères de Charlie Hebdo le
font bien mieux que moi ! Et puis, le fait de faire des caricatures, c’est
convaincre des convaincus. Donc, c’est le côté pédagogique dont parle Laurent
Muller qui m’intéressait.
Je
ne suis pas en état de grâce auprès du Front National, mais je vous assure que
ce n’est pas moi qui ai commencé les hostilités ! J’ai participé à la
première Marche pour l’égalité, on me parlait d’intégration, d’assimilation,
moi j’étais plutôt dans l’idée de présence. Curieusement, on était d’accord
avec le Front national sur ce point car ils ne niaient pas l’idée de présence.
Il fallait bien que je sois là pour pouvoir me virer ! Si je n’étais pas
là, ça ne les intéressait pas ! Je me suis trouvé parfois avec des gens de
gauche qui étaient dans cette négation, je me souviens d’un rédacteur en chef
qui m’avait dit « les beurs ne sont
plus à la mode », je lui ai répondu :" tu viens de m’éliminer de
la société française !" Donc, c’est toujours très ambigu. Au niveau
du dessin, j’ai commencé à faire des croquis. Je remercie mes éditeurs de les
avoir regardés sans aucun ricanement car au début, Marine Le Pen, c’était Mémé
d’Arménie plus jeune ! Je me suis rendu compte que ça n’allait pas du
tout ! Donc, j’ai opté pour un traitement photographique, je voulais faire
un dessin très froid.
Mais
quand on est dans un combat, le respect de l’adversaire est quelque chose
d’essentiel. C’est pourquoi je ne voulais pas faire de caricature ni être dans
le cynisme. Après, je recevais les textes de François à mettre en scène, on
faisait des aller retours permanents sur ces mises en scène. Travailler sur de
la politique fiction qui se passe en 2017, c’est compliqué ! Il vaut mieux
travailler en 2040, on court moins de risque. Travailler de façon aussi proche
peut nécessiter beaucoup de retouches à faire. C’est pourquoi j’ai opté pour un
traitement numérique. Pour la première fois, j’ai travaillé entièrement sur
ordinateur car j’ai anticipé ces évolutions permanentes. Je reviens beaucoup
sur mes textes, d’où l’intérêt d’avoir une police numérique. D'autant que dès
qu’il y avait une actualité, il fallait modifier ces textes, voire l’image ! Un
jour, François me dit : j’ai une sale nouvelle ! BFM vient de changer
son plateau. Et là, plus rien ne ressemblait à ce que j’avais fait ! J’ai
dû tout changer ! Sur papier, cela aurait représenté beaucoup de travail.
Là, j’ai gardé les personnages, j’ai fait un petit trucage numérique avec
Photoshop, donc beaucoup plus pratique !
TL Vous avez donc
évité toute caricature et dans le contenu également. François Durpaire a pris
le programme du FN et le fait appliquer par son personnage. Il y a des scènes
effectivement très réalistes. La scène du passage de pouvoir de François
Hollande à Marine Le Pen, c’est une scène qu’on lit en tremblant !
Donc,
le texte et le dessin réalistes, effrayants, froids sont tout à fait raccords.
Vous avez choisi de lui faire appliquer son programme tel quel, ce qui n’est
pas toujours le cas de tous les présidents ! Marine Le Pen, présidente, aurait
pu se mettre dans une posture de rassemblement et laisser tomber son programme.
LM : Là, on
est sur les neuf premiers mois du
pouvoir. On sait qu’elle va appliquer son programme au moins dans un
premier temps. Elle fait appliquer des lois qui existent déjà. Puis, elle
diffère un peu son programme en passant par une série de référendum pour faire
passer ce programme ! Elle peut ainsi dire qu’elle redonne la parole aux
français, sortir de l’euro et supprimer le conseil constitutionnel.
TL Oui, ce qui est
intéressant avec ce livre, c’est de voir que le Front National peut appliquer
son programme sans changer une loi. Car les lois qui existent déjà, si on les
applique dans toute leur rigueur, on peut les durcir. L’état d’exception actuel
par exemple n’est pas appliqué dans toute sa rigueur : il n’y aurait plus
de manifestation et cette rencontre ce soir n’aurait pu avoir lieu. Cette même
disposition dans des mains moins scrupuleuses ne nécessite pas de convoquer le
Parlement.
LB C’est bien ce
qu’elle fait à la fin. Elle applique
l’état d’urgence ! Ce qui réunit ces deux livres (Cher pays de notre enfance et La
présidente), c’est la Vème République. Dans l’idée de la pédagogie dont on
vient de parler, il y avait deux éléments. L’idée de montrer ce qu’est le
programme du FN. Peu de gens le lisent. Moi-même, je l’ai lu à la suite de
François Durpaire et pour le livre. Le lire exactement, c’est très intéressant.
On y apprend par exemple la suppression des subventions données aux médias qui
ont un lien avec l’Etat : le Figaro, Libé, tous les journaux se voient
supprimer leurs subventions. Il n’y a plus de presse. Par contre, on augmente
les pensions des anciens combattants, qui sont en fait les anciens d’Algérie...
TL Et Radio France
se met en grève !
LB Oui, mais ils
s’en foutent ! Comme ce qui s’est passé en Grèce où le pouvoir a laissé le
service public en grève. Les gens ont changé de chaîne et voilà… Donc, on
voulait montrer la pédagogie du programme et la pédagogie de la Vème
République. On est dans une constitution qui est née d’une guerre, celle
d’Algérie qui contient en elle-même énormément de dispositions pour un régime
autoritaire, un pouvoir fort. De toutes les démocraties, on est le pays dans
lequel l’exécutif a le pouvoir le plus puissant, avec de très forts pouvoirs
pour le président. On est dans une monarchie élective. On voulait montrer tous
ces mécanismes, un processus au final très dangereux.
TL On voit assez
vite arriver quelques dissensions au sein même du parti du FN. Ce qu’on peut
appeler aujourd'hui le Front national du Sud, identitariste et celui du Nord,
un peu plus social. Cette dissension est tue en ce moment même si elle existe.
Mais au pouvoir, elle se révèle.
LB Il y a une règle
qu’on observe depuis les 50 dernières années. Quand un pouvoir de gauche est au
pouvoir, assez rapidement la tendance naturelle est qu'il vire à droite. En
revanche, quand un pouvoir de droite dure arrive au pouvoir, il est rare qu’il
aille vers le centre, il va plutôt encore plus à droite. Un processus de
radicalité. C’est une des possibilités : on arrive à une étrange situation où Marine Le
Pen apparaît moins à droite qu'une partie de son propre parti. Si elle arrivait
au pouvoir, c'est vers une forme de radicalisation à droite, encore plus
autoritaire, encore plus violente que le pays irait. C'est quasi inéluctable.
Cette dissension entre les deux Front
national apparaît dès le début, on vous laisse la surprise de la fin de
l'album !
AD Farid, comment
avez-vous travaillé vos images ? On a l'impression parfois que vous avez
directement travaillé sur des
photographies...
FB
Je travaille à partir de photos sur lesquelles j'utilise des filtres. De temps
en temps, je faisais du trait en gardant l'éclairage photographique pour avoir
ce côté glacé et réaliste. Par exemple, pour le conseil des ministres, j'ai
pris celui de Hollande, j'ai changé les têtes, je dessine par dessus. Ce
travail sur ordinateur est intéressant, très différent de celui sur papier. Un
auteur comme Tardi travaille également à partir de photos. Ce qui est
intéressant, c'est que lui garde la perspective de la photo, perspective qui
est fausse. Mais le lecteur perçoit la perspective photo comme la réalité. Moi
au contraire, je ne garde que l'éclairage de la photo et je rétablis la
perspective.
TL As- tu beaucoup
observé Marine Le Pen ?
FB Oui, je l'ai
carrément dévorée des yeux ! Je suis allé à une interview qu'elle donnait à
l'Institut du Monde Arabe. Je voulais voir comment elle se meut dans l'espace,
c'est une femme très séduisante ! Et puis, c'est l'occasion de voir les tics ou
les habitudes. Là, j'ai vu qu'elle fumait une cigarette électronique, elle
vapote. En général, les gens qui vapotent, c'est pour fumer moins car ce sont
souvent des gros fumeurs. C'est pourquoi on a fait ce passage dans l'album, avec le cendrier plein
à craquer de mégots et cette cigarette électronique posée à côté. C'est pour
montrer son état émotionnel, sa fébrilité. Si je n'avais pas été à l'institut
du Monde Arabe, c'est une scène qu'on n'aurait pas envisagée de la sorte.
Questions du
public
-Pourquoi
avoir fait le choix du noir et blanc ?
FB J'ai fait
quelques essais couleur, c'était trop chaleureux ! On a essayé en deux couleurs
et finalement, on a opté pour un gris, pour ce rendu froid. Et je pense que
c'était la meilleure solution.
-Qu’est
ce que le dessin peut apporter au niveau
pédagogique ? Le fait que ce soit une bande dessinée garantit que
ce soit lu par un public plus large ?
LB Cela semble
évident. Quand François Durpaire est arrivé avec son projet d’universitaire
disant je veux faire une politique-fiction des 100 jours de Marine Le Pen, on a
pensé tout de suite que peut-être 2000 personnes achèteraient cet essai de 300
pages. Il est probable qu'il se serait perdu parmi tous les autres essais. Avec
la bande dessinée et avec le tour de force qu’a réussi Farid, il y avait l’idée
de voir, de provoquer un effet de sidération. Attraper le lecteur par tous ces
visages qu’il connaît, et ces lieux habités par des partis de gouvernement et
qui soudainement vont être remplacés par le parti d’extrême droite. On a pensé
que l’effet de choc serait plus fort. On pense aussi avoir accès à un public
plus large, notamment les plus jeunes. Quand on voit que le Front national est
le premier parti des jeunes dans la dernière élection, il nous paraissait fort
de prendre un moyen d’expression qui est plus populaire qu’un essai
universitaire. On est à un peu plus de 50 000 exemplaires de tirage
aujourd'hui. L’impact, il est là !
-Est-ce
que l’ouvrage est parvenu entre les mains des premiers cercles du Front National ?
FB Oui, François
Durpaire a remis un exemplaire à son papa ! Mais comme ils sont brouillés,
je crains qu’il ne veuille pas le prêter à sa fille !
-A
votre avis, est-ce que Marine Le Pen aurait intérêt à prendre connaissance de
votre récit pour s’en inspirer ?
FB Je ne pense
pas. Son programme lui suffit amplement. Elle peut peut-être s’en servir pour
renouveler sa coiffure ?!!
TL Geoffroy
Didier, un des personnages du parti des Républicains est nommé ministre de la
Justice dans la bande dessinée. Dès que le livre a paru, il a twitté :"
je refuse le poste de ministre "! comme si c’était une offre !!
-Y-a
t-il eu des réactions à la sortie du livre, en particulier parmi les gens qui
sont nommés dans le gouvernement de Marine Le Pen ?
LB A part celle
effectivement de Geoffroy Didier, nous n’avons eu aucune réaction.
TL Je vous promets
que la prochaine fois que Gérard Longuet (nommé premier ministre dans l’album)
vient à France Inter, je lui mettrai sous le nez pour voir sa réaction !
-L’intérêt
de vos bandes dessinées (Cher pays de
notre enfance et La Présidente) est
d’être des piqûres de rappel. Il y a beaucoup de trous de mémoire dans notre
société et en particulier chez les politiques…
BC La plupart des
informations sont disponibles, en sources ouvertes. Encore faut-il pouvoir
relier ces informations et leur donner du sens. Cela demande du travail. Il y a
des choses qui sont là. Et ensuite : est-ce qu’on les voit, est-ce qu’on
les regarde ? C'est différent ! Pour parler du Font national, j’ai fait un
livre avec mon confrère David Servenayen en 2012 intitulé La Fédé : comment les socialistes ont perdu le Nord, assez
prémonitoire.
On expliquait comment le FN s’était imposé dans un bastion
historique du socialisme et avait prospéré en marge d'un certain nombre de
scandales, se posant comme rempart d'un certain nombre de dérives et de
corruption. Récemment, j'ai fait une enquête pour France Inter, sur Philippe
Peninque, un proche de Marine Le Pen, un ancien du GUD qui développe une petite
musique plus sociale, voire carrément gaulliste. On peut toujours dire qu'il
n'est pas de bonne foi, qu'il ne pense pas ce qu'il, qu'il a des arrières
pensées électorales, mais il le dit ! Et il le répercute auprès du Front
national. C'est quelque chose qui a été intégrée par Marine Le Pen dans son
programme. La question économique, c'est le nerf de la guerre, c'est là que ça
se passe ! Du coup, le programme économique du FN apparaît un peu plus à gauche
que les partis dits traditionnels. Cela ne peut pas ne pas avoir un impact sur
l'électorat quand la plupart des autres partis ont adopté la même ligne
libérale. Encore une fois, on peut dire, c'est très cynique, que Marine Le Pen ne
pense pas ce qu'elle dit. Mais elle a bien modifié ce volet programmatique,
tout en conservant les « fondamentaux » du parti. Cela dit, c'est
vrai qu'au sein du FN, il existe une ligne plus libérale économiquement,
incarnée par Marion Maréchal Le Pen. Pendant des années le Front National a été
sur cette ligne là. Le Pen père prônait l'ultra libéralisme, version Ronald
Reagan, comme matrice du logiciel économique du Front National. Ce n'est sans
doute pas un hasard si cela a été changé, vous ne croyez pas ?
-Vous
venez de souligner quelque chose d'important sur ce Front national qui semble
s'être gauchisé avec des propositions plus sociales. Mais enfin, il reste une
armature que l'on peut critiquer. Je m'adresse aux journalistes. Est-ce qu'il
existe une émission qui reprend point par point le programme du FN et qui
démontre les choses aberrantes qu'il propose ? Est ce qu'on n'aurait pas pu
avoir une critique systématique, argumentée et répétitive du programme du FN à
la radio, à la télévision, dans les journaux avant ces élections ?
BC Il y a deux
volets dans votre question. Sur la première partie, je ne voudrais pas qu’il y
ait de méprise. Quand je fais allusion à ce changement du logiciel économique
du FN, je ne dis évidemment pas que cela exonère ce parti de toute
critique ! Mais il faut regarder les choses de façon globale, pas juste
une partie du tableau. Cette évolution programmatique existe, on ne peut pas la
nier.
Ensuite,
concernant une émission éventuelle, ça s’appelle juste du journalisme ! Quand
vous interviewez quelqu'un, quelque soit son étiquette politique, le boulot du
journaliste est de pointer les contradictions de son interlocuteur. Cela doit
être quelque chose qui est fait au quotidien et pas dans une "émission
spéciale" sur le FN.
TL Personne ne
peut dire ici honnêtement qu’il ne peut pas savoir ou qu’il n’a pas les moyens
de savoir ce qu’il y a dans le programme du Font National. Et qu’il ne peut pas
juger par lui-même de la pertinence ou non de ce programme. Tous les hebdos ont
fait des dossiers avec des comparatifs de ce programme en suivant toutes ses
évolutions et ses nombreuses contradictions. Quand on interviewe des
socialistes, des ump ou des républicains, on peut tout de suite comparer ce
qu’ils disent à ce qu’ils font. Et d’ailleurs, parfois ils n’en survivent pas.
On ne peut pas faire cela avec le Front national, puisqu’ils sont
a-responsables, ils n’ont rien fait et ils ne cherchaient pas spécialement à
faire. Ils cherchaient juste à augmenter leurs pourcentages dans les sondages,
et pour ce faire, il ne faut pas particulièrement être cohérent, il faut
arriver à jouer sur les peurs. Ils ne comptaient pas avoir le pouvoir même en
s’alliant à des gens. Ils n’ont jamais confronté leur pouvoir à un autre parti
avec lequel ils pourraient s’allier. Quand on confronte son programme à un
autre parti avec qui on veut s’allier, on est obligé de résoudre les
contradictions. Quand un programme vient simplement à l’appui d’un discours
d’une fonction tribunicienne, il n’a pas besoin d’être cohérent, surtout en
économie. C’est compliqué quand on pointe une contradiction de ne pas pouvoir
s’appuyer sur des faits. Alors, certains vont dire : « ah ben, il
faudrait peut-être qu’on essaie alors ? » ça s’est passé à Toulon, ou dans
des villes où ça s’est très vite mal passé. Le FN a gagné des petites villes et
peut gagner des régions. Mais comme les régions n’ont pas de compétence sociale
ou des compétences très lourdes, ils peuvent garder leur côté tribunicien et
une certaine notabilité. Car au final, pour faire rouler des TER ou repeindre
des lycées, il n'y a pas besoin d’être front national ou communiste !
-Ne
faudrait-il pas mieux rechercher le financement de ces officines ? On
revient toujours au même point quelque soit la période...
BC On a découvert
dans notre enquête sur le financement du SAC qu’il y avait une base arrière en
Belgique, on en parle dans l'album Cher
pays de notre enfance. Il doit y en avoir ailleurs. L’histoire du
financement de ces officines reste à écrire. Les députés de l'enquête
parlementaire sur le SAC se sont cassés les dents sur ces histoires de
financement. Il y a probablement encore des choses à découvrir.
ED On nous a
raconté aussi qu'il y avait aussi une fabrique de faux billets qui était plus
ou moins dirigée par le SAC. Je rappelle que le SAC était une émanation du
mouvement gaulliste, c'est sidérant quand on pense à l'échelle des
responsabilités. Cette fabrique de faux billets tournait en toute tranquillité dans
le Var, à la Seyne-sur-Mer...
Merci à tous les auteurs invités pour cette soirée exceptionnelle consacrée à La Présidente et Cher pays de notre enfance (interview des auteurs ici)
Photo Ouest France